Quelques pistes de réflexion
P JM Bouhans
Dans la première partie du livre d’Isaïe, nous trouvons
des paroles d’Isaïe lui-même - un prophète qui a commencé à prêcher dans le
dernier tiers du 8° s. av JC - mais aussi des textes plus récents - c’est le
cas des 4 chapitres 24 à 27 qui sont probablement le morceau le plus récent du
livre d’Isaïe -. Ces quatre chapitres insèrent donc des écrits bien postérieurs
au prophète Isaïe dans son propre livre.
Au 4° s la société
grecque pèse de tout son poids au Moyen-Orient et im-pose sa culture. L’auteur
des chapitres 24 à 27 dans un langage qui fait penser aux apocalypses décrit le
jugement de Dieu sur cet asservissement, son combat contre ces forces du mal :
« La lune rougira, le soleil se couvrira de honte » (Is 24, 23). La désolation
touche autant les habitants que la cité : « Toute joie a disparu, l’allégresse
est bannie du pays... Il ne reste de la ville que désolation » (Is 24,12). Ce
combat est un véritable bouleverse-ment cosmique : cette destruction du mal
laisse alors la possibilité d’une reconstruction. Et c’est, tout d’abord,
l’invitation au festin de la vie sur la montagne : « Le Seigneur a fait
disparaître la mort pour toujours, … il essuiera les larmes sur tous les
visages » (Is 25,8). – c’est la lecture d’hier - avec la création d'une société
nouvelle sans pleurs et sans mort…
Et c’est aussi, dans la lecture d’aujourd’hui, la
reconstruction de la cité : le Seigneur ne laisse pas les siens sans
protection. Il a mis muraille et avant mur et pourtant il dit : « ouvrez les
portes », une parole reprise dans le psaume. Dieu à la fois abrite et invite à
l’ouverture. Une fois abrité dans la citadelle de Dieu, nous n’allons pas en
renfermer les portes sur nous. Ce serait éloigner les justes qui cherchent la
porte. Il ne s’agit pas de vivre tranquille quand d’autres ont besoin de nous.
La clôture est aussi une ouverture. Et quelques lignes après la lecture
d’aujourd’hui, le prophète visionnaire entrevoit déjà une certaine résurrection
des morts : « Tes morts revivront, leurs cadavres se lèveront » (Is 26,19).
Il y a dans le texte d’Isaïe une citadelle imprenable qui
termine dans la poussière – nous n’avons pas lu ce passage dans la liturgie -
et l’auteur parle de cette cité détruite avant le repas sur la montagne d’hier.
Il y a une autre cité nouvelle et bien construite dans la lecture
d’aujourd’hui, après le repas sur la montagne ; faut-il comprendre que le repas
du Seigneur est pour donner des forces aux constructeurs de la cité nouvelle ?
Et dans l’évangile d’aujourd’hui, il y a aussi une maison
solide et une qui ne résiste pas. Il ne suffit pas de crier : « Seigneur, Seigneur » après l’alerte rouge de
la météo, après la tempête ou les inondations. Il s’agit de construire sur le
roc, de s’appuyer sur le Seigneur, de le mettre à la base, au cœur de nos
constructions ; le psaume le dit aussi : on peut s’appuyer sur le Seigneur. Il
donne la victoire, il donne le salut.
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