Quelques pistes de réflexion
P JM Bouhans
Avec la première lecture, nous quittons le prophète du 8°
siécle. Dans l’Irak de ce temps, les villes assyriennes ont été détruites ; des
villes babyloniennes les ont remplacées ; la nouvelle puissance s’est imposée
semant l’oppression un peu partout. Les villes de Palestine sont détruites :
trois vagues de déportation les ont vidées de leurs forces vives. La situation
est dramatique Et là nous entrons dans une autre période, en plein 6° s., avec
des changements politiques qui laissent espérer une possible fin de l’exil.
Ce début de la deuxième partie du livre d’Isaïe commence
par un double « consolez, consolez mon peuple ». C’est le livre de la Consolation
d’Israël. Ce mot de consolation est un mot qu’il faut bien comprendre. La
consolation c’est précisément ce que refuse et repousse l’homme qui souffre.
Mais ici elle a un contenu bien spécifique. Plusieurs voix se lèvent pour
annoncer l’évènement : « Consolez, consolez mon peuple », mais aussi « préparez
le chemin du Seigneur » ; et encore «
monte sur une haute montagne et annonce la Bonne Nouvelle » : nous
sommes aux racines de l’expression la Bonne Nouvelle, l’évangile ». Et Dieu
n’est pas seulement celui qui est, Dieu lointain, inaccessible mais il vient
avec une bonne nouvelle. C’est un Dieu qui se déplace sur un chemin et parle au
cœur de l’homme.
Pour qu’il se déplace, il y a un chemin à tracer dans le
désert, le chemin du retour depuis la terre de l’exil jusqu’à Jérusalem. Et
tout ce qui se trouve en haut sera abaissé… ce qui est en bas sera relevé… Il y
a aussi un chemin de la parole tout au long du texte : une voix qui proclame,
une bouche qui parle, un souffle qui passe, une parole qui demeure… Chemin et
parole, alors vient tout naturellement la parabole du berger. En effet, le
berger chemine avec son troupeau et lui parle ; il prend soin de ses brebis.
Des images qu’il nous faut faire voyager ensemble pour qu’elles se complètent
et enrichissent le tableau.
Quand Jésus parlait à ses contemporains, il parlait de
manière simple et tout le monde pouvait comprendre. Les évangélistes
connaissent « l’odeur des brebis », selon l’expression du pape François. Jésus
parle pour ceux et celles qui ne sont pas allés à l’école des scribes. Il
parlait de choses concrètes, éveillait l’attention, stimulait la réflexion,
laissait des images dans la mémoire. Ainsi en est-il avec la brebis perdue,
cherchée et retrouvée de l’évangile selon saint Matthieu. Il est bien plus
sobre que Luc : chez Matthieu la recherche peut ne pas être couronnée de succès
– s’il arrive à la retrouver-. Luc écrit autrement : quand il l’a retrouvée, il
prend la brebis sur ses épaules et rassemble ses amis. Rien de tout cela chez
Matthieu. Il explique simplement : « ainsi votre Père qui est aux cieux ne veut
pas qu’un seul de ce petits soient perdus ». Matthieu veut nous rappeler le
souci des plus pauvres, des plus éprouvés, ceux et celles qui ont besoin de
consolation.
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