Quelques pistes de réflexion
P JM Bouhans
Anne la femme stérile avait demandé un fils au Seigneur.
C’est ainsi que va naitre Samuel – « son nom est Dieu » ou bien « Dieu exauce »
-. C’est un fils premier né. Les premiers né du bétail, on les sacrifie aux
Seigneur… Depuis la ligature d’Isaac sur le bucher et le refus de Dieu des
sacrifices humains, le fils premier né est racheté. C’est à dire qu’on verse
une somme d’argent au Temple r : cinq shekels. Et c’est comme si on avait
offert ce fils au Seigneur. C’est aussi une façon de remercier Dieu d’avoir
ouvert la matrice, une manière de lui demander de continuer à être favorable.
Effectivement, Anne aura d’autres fils après Samuel : cinq autres enfants.
Samuel ouvre donc cette fécondité venue de Dieu. Cela Anne pourra le chanter
dans son cantique : « La femme stérile enfante sept fois »… l’enfant qui manque
encore à la famille d’Anne, qui peut-il être ? … peut-être le Messie, celui que
nous fêtons à Noël, celui qui vient accomplir, remplir toutes les promesses.
Cette partie du cantique manque dans ce que nous avons entendu entre les deux
lectures.
Anne en fait bien davantage que ce qui demandé ; quand
l’enfant est sevré, elle vient en personne au Temple avec son enfant et le
laisse là à disposition du Seigneur. « Le Seigneur me l’a donné en réponse à ma
demande. A mon tour, je le donne au Seigneur, pour qu’il en dispose. Il
demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie ». Une femme
stérile, comblée par une naissance et elle vit son accomplissement dans un
abandon au Seigneur.
L’évangile vient continuer le cantique d’Anne avec celui
de Marie. Le Seigneur s’est penché sur son humble servante. La Traduction
officielle de la liturgie est une édition sans note et pourtant elle signale en
note que littéralement il faut traduire : « il a jeté les yeux sur
l’abaissement de sa servante ». D’ordinaire, personne ne cherche à se vanter de
son abaissement. Un abaissement, c’est socialement une déchéance, une perte
d’identité, une impuissance. Quelle humiliation a donc connu Marie ?
N’évoque-t-elle pas ici les circonstances de sa grossesse ? Elle porte hors
mariage un enfant conçu de père inconnu. La voici abaissée au plus bas en ce
qui regarde la société et la religion de son temps. Si cela se remarque, elle
mérité d’être lapidée. Mais Dieu s’est penché, il a vu ; et lui, il est à
l’origine de tout bien. Cette place que pourrait lui refuser la société, Dieu
la lui donne déjà auprès de lui : « Le puissant fit pour moi des merveilles… sa
miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ». Marie porte en
elle la vie de Dieu, l’enfant de Bethléem, l’enfant Dieu. Et cette vie n’est
plus à marchander avec les superbes, les puissants, les riches. Elle est à
disposition de Dieu « tout simplement ».
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