Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Genèse 3,9-15.20 ; Psaume 97 ; Ephésiens
1,3-6.11-12 ; Luc 1,26-38
C’est le soir des
lumières ! Pas seulement à Lyon où l’origine de cette fête est bien
l’hommage à la Vierge Marie protectrice de la ville, et aussi dans certains
villages ou maisons, où on allume des lumignons et bougies sur le bord des
fenêtres.
On a toujours été fasciné par
la flamme : c’est vivant, ça bouge, c’est chaud, ça guide dans la nuit, ce
n’est pas seulement du spectacle extérieur, mais ça communique avec
l’intérieur.
Ce n’est pas étonnant qu’on
fête l’Immaculée Conception de la Vierge Marie avec des lumières, parce qu’elle
apporte une lumière particulière dans les obscurités du monde.
Le 25 mars 1858 à l’aube, la
petite Bernadette se dirige vers la grotte, bien décidée cette fois à obtenir
le nom de cette Belle Dame qui lui apparaît depuis une quinzaine de fois
déjà : « Voudriez-vous me dire qui vous êtes, s’il vous
plaît ? » A chaque demande, la jeune dame sourit ; à la
quatrième, elle répond en patois lourdais : « Je suis l’Immaculée
Conception. »
Ces paroles étaient
inintelligibles pour cette jeune bergère de 14 ans, connaissant peu son caté,
ignorant totalement que 4 ans auparavant le Pape Pie IX avait proclamé
l’Immaculée Conception de Marie.
Ces paroles sont encore aussi
inintelligibles pour beaucoup ; c’est vrai que ce n’est pas facile, et en
plus quand se mêlent les questions de la conception et de la naissance de
Jésus, la virginité de la Vierge Marie. Cette expression n’est pas non plus
facile, mais c’est le nom avec lequel Marie se présente à Bernadette.
Pourtant, cette réalité de
l’Immaculée Conception, le peuple chrétien, dans son bon sens et sa foi, bien
avant la déclaration des théologiens et des Papes, l’avait pressenti.
Il ne s’agit pas d’examiner
les pièces d’un dossier médical, en l’occurrence celui de Joachim et d’Anne,
les parents de Marie, ni celui de Marie : il s’agit du secret d’un être
humain, de ce qu’il est. « Je suis
l’Immaculée Conception » ; il s’agit du secret d’une relation
privilégiée, dont on bénéficie des effets sans forcément tout comprendre.
La jeune Marie de Nazareth a
été gâtée par Dieu. Ce n’est pas en dehors de la raison, ni du bon sens, que
Dieu ait voulu préparer avec amour l’être de celle qui allait être sa Mère, le
porter, le nourrir, l’aider à grandir.
C’est une faveur de Dieu que
de combler de grâces, d’Amour, de présence, une jeune fille toute simple, de
notre race, d’un village à la renommée douteuse.
Cette grâce, cette faveur,
cet Amour, ont préservé Marie de l’ADN du mal, de ce qui est mauvais ;
cette grâce a mis Marie à l’abri de la pollution répandue par Satan, à
l’origine – c’est la première lecture - et à laquelle ont été contaminés, et
sont encore contaminés les humains.
« Je te salue, comblée de grâce - dit doucement l’ange – le Seigneur est avec toi (Luc 1,28). Tout ton être est rempli de l’amour
et de la présence de Dieu. » Et Marie a accueilli cette faveur, qui lui
révélait aussi le meilleur d’elle-même.
Marie ne fait pas la maligne,
elle ne se prend pas la tête - « Je suis la meilleure ! »
Elle ne comprend pas : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » -
ce sont les premiers mots de son dialogue avec l’ange (cf. Luc 1,29). Ce n’est
pas étonnant que nous aussi nous ayons du mal à comprendre. Elle tremble de
crainte et d’angoisse.
« Je ne connais pas d’homme » (Luc 1,34). C’est une surprise qui la trouble et qui
surprend, comme tout appel. Il faut que l’ange la rassure : « Sois sans crainte, Marie (Luc 1,30),
n’aies pas peur. »
C’est dans la maison que ça
se passe : chez elle, là où elle vit, et dans son cœur ; pas dans le
Temple, au milieu de l’encens, comme l’annonce à Zacharie (cf. Luc 8,20). Chez
elle : dans cette demeure humaine, toute simple, préparée pour l’Amour de
Dieu, pour l’accueil de l’Amour.
On demandait un jour au Père
Martelet, un grand théologien Jésuite, ce que ça engage de croire en
l’Immaculée Conception, pour un chrétien d’aujourd’hui : « Ce que
cela a toujours engagé : une simplicité du cœur pour accueillir
Dieu. »
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